Laval, le 26 septembre 2017 — Le réseau TVA rapportait hier que le maire Coderre était en train de revoir la place des camions et voulait réduire les heures de livraison sur l’île de Montréal.

Le porte-parole du maire a oublié de mentionner, dans le cadre de cette annonce, que cette nouvelle politique aurait pour conséquence d’augmenter le nombre de camions dans les rues de Montréal, car beaucoup plus de véhicules seraient requis pour livrer la même quantité de marchandises à l’intérieur d’une plage horaire restreinte.

« On aura besoin de plus de main-d’œuvre étant donné qu’il y aura plus de camions sur les routes, explique Jean Chartrand, président de la Section locale 106 du syndicat des Teamsters, laquelle représente plus de 4 000 camionneurs au Québec. Ça augmentera les prix des produits et denrées et ce sont les consommateurs qui vont encore payer la note. »

De plus, loin de désengorger le réseau routier, l’augmentation du nombre de camions à l’extérieur des heures de pointe aurait pour effet de prolonger les périodes de pointe. Montréal deviendrait ainsi la capitale des bouchons de circulation permanents.

Angles morts sur « Vision zéro »

Cette mesure est, dit-on, mise en place dans l’optique de l’approche « Vision zéro » élaborée par des Suédois. Ces derniers affirment que le réseau routier doit être conçu pour protéger les utilisateurs les plus vulnérables.

Bien que le syndicat des Teamsters ait toujours reconnu l’importance de protéger les vies humaines et d’assurer la sécurité de tous les usagers de la route, l’augmentation du nombre de camions à l’extérieur des heures de pointe risque de réduire à néant les efforts déployés par la Ville de Montréal pour mettre en place sa « Vision zéro », puisque plus de véhicules sur les routes – même pendant de plus courtes périodes – entraînent automatiquement plus de risque pour les piétons, les cyclistes et les motocyclistes.

« Je vois plus d’angles morts avec cette “Vision zéro” que de réels gains en sécurité routière, analyse le leader syndical. Il y a d’autres solutions qui pourraient avoir des effets positifs et significatifs sur le bilan routier. »

À ce sujet, le syndicat des Teamsters a déposé en février 2017 un mémoire lors des consultations effectuées par la SAAQ en matière de sécurité routière. Par exemple, une campagne à grande échelle pour sensibiliser le public à l’importance de la prudence autour des camions serait déjà un bon début. La modernisation des feux de signalisation, notamment en y intégrant des compteurs numériques, rendrait les intersections plus sûres.

Entrepôts roulants et conditions de travail

Dans un contexte où les camions sont devenus des entrepôts roulants, ce qu’on appelle familièrement le « just-in-time », il serait fort étonnant que les entreprises manufacturières puissent livrer leurs marchandises à temps aux commerces de détail une fois cette nouvelle politique serait en place.

De plus, la réduction des heures des routiers rendra le recrutement de la main-d’œuvre encore plus difficile dans une industrie qui s’obstine à offrir des conditions de travail médiocres aux travailleurs, notamment ceux qui ne sont pas syndiqués.

La pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie n’est d’ailleurs pas une invention du syndicat des Teamsters. Selon une étude du Conference Board du Canada, il manquera plus de 20 000 routiers sur les routes d’ici 2020. Cette pénurie se fait d’ailleurs cruellement sentir dans l’industrie du transport routier. La nouvelle politique du maire Coderre rendra donc l’industrie encore moins attrayante.

« Les camionneurs travaillent actuellement jusqu’à 13 heures par jour, trop souvent pour des salaires de crève-faim, fait remarquer Jean Chartrand. Un camionneur pris dans un bouchon de circulation, immobile à la frontière ou en attente à un quai de livraison n’est pas toujours payé. »

« Et ça s’ajoute à la congestion routière, au manque de reconnaissance du métier de camionneur, aux ennuis de santé auxquels les routiers s’exposent, etc. »

Rappelons que les routiers forment l’épine dorsale sur laquelle repose l’économie. Sans eux, les commerces de détail auraient des tablettes vides et les marchés d’alimentation ne pourraient pas nourrir la population.

Pour toutes ces raisons, le syndicat des Teamsters dit non au maire Coderre et à son plan de restriction des heures de camionnage. Ce plan fragilise les conditions de travail des routiers, accroît la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie, est mal ficelé et n’améliorera en rien le bilan de la sécurité routière sur l’île de Montréal.

Le syndicat des Teamsters représente les intérêts de 4000 travailleurs et travailleuses dans l’industrie du transport routier au Québec. Teamsters Canada représentent les intérêts de plus de 125 000 membres au pays dans tous les secteurs d’activité. La Fraternité internationale des Teamsters, à laquelle Teamsters Canada est affilié, compte 1,4 million de membres en Amérique du Nord.

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Renseignements :
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